Nous sommes déjà mi-septembre et plus les jours passent, plus l’hiver approche. Certes, les jours sont encore beaux et doux, mais les magasins nous proposent dors et déjà les collections pour cet hiver : manteaux, doudounes, bonnets et gants remplissent déjà les étagères ! C’est donc le moment idéal pour moi de rédiger un guide sur la fourrure. Après sa lecture, plus de confusions possibles entre fourrure animale et fourrure synthétique !
Beaucoup d’entre vous pensent certainement que la fourrure animale, celle que l’on appelle « vraie fourrure », est une matière de bourgeoise ou qu’on ne la trouve que dans les boutiques de luxe. Quand je vous dis « vraie fourrure », vous pensez probablement au gros et long manteau en vison de votre mamie. Peut-être même que certain.es d’entre vous pensent que « la vraie fourrure » est révolue, que l’on en fait plus de nos jours. Que de grossières erreurs !
On a dû mal à l’imaginer, mais la fourrure animale fait un retour fracassant sur le marché ces dernières années. Elle qui avait si mauvaise presse dans les années 80′ suite aux campagnes de PETA ou l’engagement de Brigitte Bardot, fait aujourd’hui son grand come-back. Fini le gros manteau de raton-laveur que les Français.es ont encore dans le collimateur.
Aujourd’hui, les marques préféreront insérer la fourrure animale par petites touches sur des pièces ordinaires de nos dressings. Un petit pompon sur un bonnet, le fourrage d’une paire de bottes d’hiver, le col de capuche d’une doudoune ou même un porte-clé : la fourrure animale se cache là où on ne l’attend pas, sur des pièces que nous n’avons pas forcément le réflexe de vérifier avant achat.
Lors de différentes actions de sensibilisation, beaucoup de personnes m’ont posé des questions sur le thème de la fourrure. Comment différencier fourrure animale et fourrure synthétique ? Les marques sont-elles fiables à ce sujet ? La fourrure animale peut-elle être produite de façon éthique ? Autant de questions que je m’apprête à traiter dans ce guide spécial fourrure dans lequel je vous donnerai toutes les astuces à ma connaissance pour ne plus se faire piéger !
Cet article n’a pas vocation à sensibiliser sur la fourrure mais simplement à vous guider dans vos achats. Je pense que nous nous accordons toutes et tous sur le fait que l’industrie de la fourrure est totalement barbare, cruelle et inutile (les mots sont faibles), ce poste n’a donc pas pour but de vous sermonner. Il n’y aura ni images choquantes ni discours larmoyant : seulement des informations et des astuces à appliquer au quotidien !
1. Qu’est-ce que la fourrure animale / fourrure synthétique ?
2. Halte aux idées fausses sur la fourrure animale !
3. Comment différencier fourrure animale et fourrure synthétique ?
4. Les trucs et astuces pour discerner « vraie » et « fausse » fourrure.
1. Qu’est-ce que la fourrure animale / fourrure synthétique ?
Tout d’abord, commençons par définir les bases, histoire que l’on parle toutes et tous de la même chose.
Le terme générique « fourrure » désigne une peau animale garnie de ses poils (ou plus rarement de duvet ou de plumes). Ce matériau est obtenu par écorchage et dépeçage des animaux : le plus souvent de mammifères sauvages ou d’élevage. La peau est ensuite traitée par différents processus de tannage afin de la rendre souple et imputrescible. Habituellement, elle est composée de deux couches principales : la peau (assimilable au cuir) et les poils qui y sont implantés. Une fois tannée, la fourrure est utilisée par l’Homme pour la création de vêtements, d’accessoires ou diverses fournitures. (1)

On parle de « fourrure synthétique » pour désigner toutes les imitations ne faisant pas intervenir d’animaux dans leur fabrication. La plupart du temps, la fourrure synthétique est issue de l’industrie pétrolière, autrement dit des dérivés de plastique.
2. Halte aux idées fausses sur la fourrure animale !
Beaucoup d’idées fausses persistent à propos de la fourrure et sont d’ailleurs à l’origine de la plupart des erreurs des consommateurs et consommatrices. En voici un petit tour d’horizon, toutes issues de nos échanges avec les passant.es pendant des actions de sensibilisation.
La « vraie » fourrure n’est pas l’apanage des grandes maisons de luxe.
Et oui ! Cela peut surprendre, mais la fourrure animale a très largement dépassé les portes des boutiques Dior et Chanel. On la trouve absolument partout, y comprit dans des enseignes mass-market, et même dans des magasins de sport ! Zadig & Voltaire, Le Temps des Cerises, l’enseigne de bijoux MOA, Burton ou Celio sont autant d’enseignes que vous croisez quotidiennement et qui commercialisent de la « vraie » fourrure. (2) Même Intersport s’y met avec sa collection de doudounes dont les capuches arborent de la fourrure animale.
La « vraie » fourrure n’est pas nécessairement plus coûteuse que la fourrure synthétique.
Après avoir lu le point précédent, vous vous doutez certainement que le prix d’une pièce ne signifie plus rien.
En cause, les fermes à fourrure de pays comme la Chine ou la Finlande qui produisent de la fourrure animale à très bas prix. Elles sont si compétitives que les prix de la fourrure animale s’alignent sur la fourrure synthétique. Exemples frappants : la doudoune Intersport (environ 40€) ou les bonnets à pompon de l’enseigne MOA (environ 20€ maximum) : tout deux sont pourtant garnis de fourrure animale.
Vous l’aurez compris, il est aujourd’hui absolument impossible de se fier au prix d’une pièce pour se rassurer sur l’absence de fourrure animale.
Aucune ferme à fourrure n’attend que l’animal « meurt de vieillesse » avant de récolter sa peau.
Cela peut prêter à sourire, mais c’est une croyance assez répandue, principalement à cause des enseignes peu scrupuleuses qui cherchent à déculpabiliser leurs client.es. Pas besoin d’épiloguer sur ce point, le simple bon sens nous permet de comprendre qu’il est impossible pour une ferme à fourrure de procéder ainsi, pour des raisons évidentes de rentabilité.
Les poils des animaux ne sont pas « rasés puis collés » sur les vêtements.
Cette croyance elle aussi a la peau dure, bien qu’il soit évident que ce n’est pas le cas. Tout comme la précédente, elle persiste en raison de son caractère rassurant pour les client.es. En effet, il est bien plus facile de vivre avec l’idée que l’animal est régulièrement rasé (cela ramène la fourrure au même niveau que la laine des moutons) et ses poils collés, plutôt que d’affronter la réalité : un animal tué, le plus souvent par électrocution anale, puis écorché. Pourtant, c’est bien de cette façon qu’est produite la fourrure.
3. Comment différencier fourrure animale et fourrure synthétique ?
Cette question pourrait paraître simple : enfin, il suffit de lire l’étiquette ! Et bien, en théorie oui, vous avez raison. Mais en pratique, ce n’est pas la même tisane. Il arrive parfois que des enseignes commercialisent de la « vraie » fourrure alors que l’étiquette indique qu’il s’agit de synthétique. Cela est d’autant plus courant sur les stands, les braderies, les friperies et les marchés. Mes ami.es militant.es et moi avant l’habitude de jeter un rapide coup d’oeil, et les faux étiquetages sont fréquents.
Les employé.es de boutique savent également que la fourrure a mauvaise presse et n’hésitent pas à mentir, en fonction du type d’article que vous recherchez. C’est ainsi que l’année dernière dans une boutique de la ville de Tours, nous avons pu filmer (en caméra cachée) une vendeuse nous assurant que la fourrure d’une pièce de sa boutique était synthétique, alors qu’il s’agissait de fourrure animale.
La situation n’est donc pas si claire qu’il n’y parait. Aux mensonges délibérés s’ajoutent aussi les scandales comme celui de la fourrure de chiens et de chats provenant de Chine, et vendue en Europe comme de la fourrure de raton-laveur ou de lapin (3).
4. Les trucs et astuces pour discerner « vraie » et « fausse » fourrure
Vous l’aurez compris, il est au final bien plus pratique et infiniment plus sûr de savoir reconnaître la fourrure animale sans avoir besoin de regarder l’étiquette. Cela peut paraitre compliqué de distinguer la « vraie » de la synthétique, mais le coup d’oeil vient très rapidement ! Pour vous aider, voici cinq astuces très simples !
1. Le test du feu.
C’est LE test imparable pour différencier fourrure animale et fourrure synthétique. Arrachez délicatement quelques brins du fourrage et brûlez le bout avec une allumette ou un briquet (en faisant attention). S’il se dégage une forte odeur de plastique, il s’agit de fausse fourrure. En revanche, si vous sentez une odeur de cheveux brûlés (ou « cochon grillé » comme on l’appelle vulgairement), alors il s’agit de « vraie » fourrure.
Fiabilité : 100% ! Vous ne pouvez pas vous tromper avec ce test ! Son plus gros avantage : il permet aussi de débusquer les « mélanges » de fourrure qui sont plus difficiles à discerner à l’oeil nu (parfois, des pièces mélangent synthétique et fourrure animale). L’odeur de « cheveu brûlé » est si forte qu’elle ne sera pas masquée par l’odeur de plastique pendant votre test. En revanche, il peut être compliqué à effectuer si vous êtes en boutique, c’est à vous de voir.
2. Inspecter la base du fourrage.
Attrapez votre pièce et écartez les poils de la fourrure pour inspecter la base. Premier cas de figures : vous distinguez une sorte de filet, de maillage en tissu ou en toile. Il s’agit donc vraisemblablement de fausse fourrure (les poils en plastique sont tressés directement dans les mailles, comme pour une perruque). Second cas de figure : vous distinguez une surface uniforme, lisse et douce, semblable à la peau d’un chien ou d’un chat lorsque vous écartez ses poils. Dans ce cas-là, il s’agit indubitablement de fourrure animale (on le rappelle, la peau de l’animal est arrachée, est donc toujours présente sur le vêtement).


Fiabilité : 90%. Si vous distinguez la peau, alors il n’y a aucun doute : il s’agit de fourrure animale. En revanche, si vous voyez le tressage, il peut toujours s’agir d’un mélange entre synthétique et fourrure animale (même si c’est plutôt rare). Pour cette raison, je ne peux pas garantir une fiabilité à 100%, bien que cela soit un très bon indicateur.
3. La longueur des poils.

Dans le cas de la fourrure synthétique, les poils sont souvent tous de la même longueur. Or, ce n’est souvent pas le cas pour la fourrure animale. Généralement, cette dernière est composée de plusieurs longueurs et de densités différentes. La plupart du temps, on peut voir une couche de base très dense (presque duveteuse) et plus courte, ainsi que des poils plus longs mais plus disparates qui en ressortent. Les photos seront surement bien plus parlantes que mes explications à l’écrit.

Fiabilité : 70%. De tous les critères visuels, la longueur des poils est la plus fiable pour distinguer fourrure animale et synthétique. Cependant, elle ne suffit pas à elle seule à s’en assurer. En effet, la fourrure synthétique imite parfois très bien cette différence de longueur.
Attention : Il est important de noter que ce critère ne peut pas être utilisé pour les pièces en fourrure « courte », comme les manteaux en lapin par exemple, ou pour les fourrures coupées. Dans ces deux cas, il est préférable de se reporter au point 1 et/ou 2.
4. Le flottement.
Observer la façon dont réagit la fourrure lorsque l’on souffle dessus peut aussi aider à déterminer sa nature. La fourrure synthétique aura tendance à rester statique, alors que la fourrure animale sera plus prompte à flotter, à virevolter un peu dans tous les sens.
Lors de votre prochaine sortie en ville, observez (si c’est la saison) les cols en fourrure des passant.es. Certains seront à l’épreuve du vent et ne bougeront pas d’un poil (synthétique), alors que d’autres feront comme des petits rebonds à chaque pas de l’humain.e qui le porte (fourrure animale). L’effet sera encore plus saisissant s’il y a du vent ce jour-là. Vous avez certainement déjà vu un chat à poils longs se promener dehors, par une journée venteuse : ses poils virevoltent. Et bien gardez cette image en tête, car le vent aura exactement le même effet sur la fourrure animale.
Fiabilité : 60%. Attention : là encore, ce n’est pas le test le plus fiable car la fourrure synthétique imite parfois cette caractéristique (notamment quand il s’agit de poils longs). Comme pour le point 3, ce critère de flottement ne sert pas à grand-chose dans le cas des fourrures plus courtes.
5. La brillance.
Dernier point d’ordre visuel : la brillance. Les poils de la fourrure synthétique étant faits de plastique, ils auront davantage tendance à briller. Regardez les poils sous la lumière du soleil, ou avec le flash de votre téléphone : le résultat devrait être assez évident. Repensons une nouvelle fois à un chat : ses poils ne brillent pas, ils sont plutôt mattes. Il en est de même pour la fourrure animale.
Fiabilité : 50%. Attention : ce point n’est valable que sur les fourrures non-teintées. Dès lors qu’une fourrure animale est teintée, elle aura tendance à briller davantage.
Conclusion
Ces cinq points vous permettront d’y voir plus clair pendant votre shopping.
Cela peut paraitre assez fastidieux, mais je vous garantie que le coup d’œil vient vite. Avec l’habitude et grâce à ces cinq critères, je suis capable de dire en quelques secondes si une personne que je vois dans la rue porte de la fourrure synthétique ou animale (oui, je suis devenue un radar à fourrure !).
Évidemment, il y a toujours une marge d’erreur, car je ne vais décemment pas me permettre de bruler la fourrure des passant.es, ou farfouiller dans leurs cols pour voir si la base est en peau ou en tissu : mais généralement, je ne me trompe pas. Aucune raison que vous ne puissiez pas en faire autant !
En bref, les idées à retenir :
- la fourrure animale peut se trouver dans tous les types d’enseigne (luxe comme supermarchés) !
- la fourrure animale n’est pas plus chère !
- les vendeurs et vendeuses ne sont généralement pas très fiables sur ce sujet, et peuvent parfois mentir !
- il est toujours préférable de vérifier par sois-même avec les cinq points : test de la flamme, base du fourrage, flottement, longueurs des poils et brillance.
Avez-vous une autre question sur la fourrure ?
Une autre astuce ou une autres idée reçue à ajouter ?
N’hésitez pas à réagir en commentaire !
Passez un excellent hiver, sans cruauté pour nos ami.es les animaux.
Sources :
(1) Wikipédia : Fourrure
(2) mode-sans-fourrure.com : Liste rouge des marques qui vendent de la fourrure animale.
(3) Des vêtements confectionnés avec des poils de chiens et de chats
Sincere remerciement pour ce guide, je partage directement en espérant que mes contacts lisent. Il n’y a plus d’excuses pour porter de la vrai fourrure aujourd’hui, absolument honteux. Merci pour votre texte.
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Merci beaucoup à vous. 😘
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Merci beaucoup pour cet article ! J’ai appris plein de truc alors que pourtant je pensais m’y connaître. Après je me demande si les gens qui achètent les fringues en vrai fourrure sont pas juste des personnes égoïstes. Est ce qu’il y a vraiment de l’espoir 😦
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Salut à toi, et merci pour ton commentaire. Ravie que l’article t’aies plus et que tu y aies appris des choses. 🙂
Je pense très honnêtement qu’il y a de l’espoir ! La vraie fourrure est très mal vue de nos jours, et la majorité des personnes qui en portent le font uniquement parce qu’elles n’ont pas vérifié. Quand on militent dans la rue, on a l’habitude d’aller à la rencontre des personnes que l’on voit porter de la vraie fourrure pour engager la discussion avec eux. Plus de la moitié du temps, les gens commencent par nier en disant que c’est de la fausse. En gros, ils sont pas conscients d’en porter. Ça arrive qu’en l’apprenant, ils soient tellement dégoûtée qu’ils dézippent la fourrure de la capuche et nous la donne. C’est vraiment hyper rare que l’on tombe face à des personnes qui se foutent complètement d’en porter. Je crois que ce n’est même jamais arrivé. Après, il y a toujours les personnes (souvent d’un certain âge) qui sont à fond dans leur manteaux en fourrure, mais c’est très rare (et ça tend à disparaître). Donc oui, il y a de l’espoir ! 👍
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Merci pour cet article très complet. Je pense qu’il y a encore pleins de choses à dire sur cette horreur qu’est la fourrure (je ne te blâme pas entendons-nous bien, le post aurait été bien trop long). Peut-être que pour une prochaine fois, aborder la fourrure sous un angle éthique serait une bonne chose. J’ai également beaucoup entendu des proches (ou des moins proches) dire qu’ils trouvaient la fourrure justifiable car les restes des animaux (viande) étaient consommés (faux évidemment). Je pense que cela pourrait entrer dans les idées reçues à éclaircir. Merci à toi de faire tout ce travail d’éducation, encore très nécessaire. Au plaisir de te lire. Christophe.
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Bonjour Christophe !
Oui effectivement, j’aurais pu continuer bien longtemps sur la fourrure et donner bien plus de détail mais comme tu l’as dit, le post aurait été super long ! Je trouve déjà que je fais des articles très longs et j’ai souvent peur que ça butte les gens, qu’iels ne lisent pas. Mais c’est très plaisant de lire tous vos commentaires, qui me prouvent tous les jours que j’ai tort et qu’il existe toujours des personnes qui aiment lire.
L’angle de l’éthique est évidemment très intéressant pour le thème de la fourrure (primordial même), je ne l’ai volontairement pas abordé dans ce post comme tu l’as compris. Mais ce sera indéniablement pour une prochaine fois ! 😉
J’ai aussi pensé à cette idée fausse sur la fourrure, et j’ai regretté après ma publication de ne pas en avoir parlé (je pense même qu’elle est encore plus répandue que certaines dont j’ai parlé). Mais pas d’inquiétude, là aussi ça pourra faire l’objet d’un prochain post.
Merci infiniment pour ta lecture, et encore plus pour ton commentaire. Cela me fait très plaisir et me motive énormément !
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